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Théophile de VIAU

 

La solitude

 

Dans ce val solitaire et sombre,
Le cerf, qui brame au bruit de l'eau,
Penchant ses yeux dans un ruisseau,
S'amuse à regarder son ombre.

De cette source une Naïade
Tous les soirs ouvre le portail
De sa demeure de cristal,
Et nous chante une sérénade.

Les nymphes que la chasse attire
À l'ombrage de ces forêts,
Cherchent des cabinets secrets
Loin de l'embûche du satyre.
(...)

Solitude

Ferdinand Leeke

Corine, je te prie, approche :
Couchons-nous sur ce tapis vert,
Et pour être mieux à couvert,
Entrons au creux de cette roche.

Ouvre tes yeux, je te supplie :
Mille amours logent là-dedans,
Et de leurs petits traits ardents
Ta prunelle est toute remplie.
(...)

Prête-moi ton sein pour y boire
Des odeurs qui m'embaumeront ;
Ainsi mes sens se pâmeront
Dans les lacs de tes bras d'ivoire.

Je baignerai mes mains folâtres
Dans les ondes de tes cheveux,
Et ta beauté prendra les vœux
De mes œillades idolâtres.

Ne crains rien, Cupidon nous garde.
Mon petit ange, es-tu pas mien ?
Ha ! je vois que tu m'aimes bien :
Tu rougis quand je te regarde.

Dieux ! que cette façon timide
Est puissante sur mes esprits !
Renaud ne fut pas mieux épris
Par les charmes de son Armide.

Ma Corine, que je t'embrasse !
Personne ne nous voit qu'Amour ;
Vois que même les yeux du jour
Ne trouvent point ici de place.

Les vents, qui ne se peuvent taire,
Ne peuvent écouter aussi,
Et ce que nous ferons ici
Leur est un inconnu mystère.

 

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